Rencontre de familles de baroudeurs #1 : Les petits coqs migrateurs

Aujourd’hui, on avait envie de publier un article sans trop bosser. Du coup, on a pris des rédacteurs web bénévoles pour les deux prochains articles.
Bon, en vrai on avait surtout envie de donner la parole à deux familles de grands voyageurs vraiment géniales qu’on a eu la chance de croiser pendant notre voyage.  Pourquoi ? Parce que beaucoup de gens (moi le premier il y a encore de ça quelques mois) se disent que c’est super de partir à l’aventure, et qu’on a bien raison de faire ça avant d’avoir des enfants à charge puisqu’ensuite, il sera trop tard.

FAUX !

Pas la peine d’être des sortes d’huluberlus un peu babacools pour partir à l’aventure avec des enfants de tous âges. Nous avons rencontré des tas de familles comme monsieur Toutlemonde sur la route. Certains partis pour quelques mois très planifiés avec plein de transferts en avion, d’autres pour plus d’un an et demi en camping-car d’Alaska à la Patagonie. Toutes ont décidé de mettre la vie « métro-boulot-dodo » de côté pour s’ouvrir au monde et voir ce qu’il y a quand on sort (vraiment) de chez soi.
Nous avons eu de très gros coups de coeur humains pour deux de ces familles vagabondes. Nous avons décidé de dédier un article interview à chacune d’entre elles.

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Pour ce premier épisode, c’est la famille Haehnel, auteur du blog Les Petits Coqs Migrateurs, et venant d’Alsace, qui s’est prêtée au jeu de l’interview. Je les ai rencontré à Paï, en Thaïlande, pendant que Violaine était partie faire de la méditation avec notre copine chilienne Rocio. Nous étions en décembre et ils étaient sur la fin de leur tour du monde. La première fois, c’était au détour d’une balade en scooter. Ils étaient 5 sur 2 scooters, les enfants bien cramponnés « à la thaïlandaise ». J’ai eu le plaisir de dîner deux fois avec eux, et nous avons beaucoup échangé. Une famille vraiment géniale, inspirante, simple, avec des enfants drôles et pleins de vie. On a vraiment hâte d’aller leur faire un petit coucou en Alsace. Milo, leur garçon, nous a invité « gratuitement à condition de venir avec un gâteau ». C’est noté !

L’interview

Qui êtes-vous ?

Une famille de 5 petits coqs : Anna, 4 ans, la poussinette, Milo, 7 ans, le coquelet, Lola, 10 ans, la poulette, Caro, 41 ans, mère poule, Manu, 42 ans, papa poule. En alsacien, Haehnel ça veut dire Petit Coq. Nous sommes donc une famille de 5 gallinacés sur la route. Notre nom, les petits coqs migrateurs vient de là !

Pourquoi ce voyage ?

Nous souhaitions poser un acte fondateur pour notre famille. Le voyage n’était qu’un prétexte pour passer du temps avec nos enfants et les voir grandir.

Comment vous est venue l’idée de partir ?

Un jour, sur la route du retour des vacances, j’ai posé une question à Manu qui voulait dire « bon, et maintenant, on fait quoi? ». Il a répondu: « et si on faisait le tour du monde? ». L’idée était lancée. Nous avons d’abord complété l’équipage en fabriquant notre petite dernière et quatre ans plus tard on montait dans l’avion vers les Galapagos.

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Combien de temps êtes-vous partis et où êtes-vous allés ?

Nous sommes partis neuf mois en tout en Amérique latine, Pacifique sud et Asie du sud-est : Equateur, Pérou, Bolivie, Chili, Australie, Nouvelle-Calédonie, Indonésie, Malaisie, Laos, Thaïlande.

Comment avez-vous adapté votre voyage au fait d’être avec des enfants ?

Les enfants voulaient voir des animaux, nous avons adapté l’itinéraire en fonction. Nous avons voyagé sans doute plus lentement que si nous avions été seuls et les enfants sont de remarquables passe-partout, ils attirent la curiosité et donc les contacts. En partageant la même chambre, il était nécéssaire de se mettre tous au diapason côté rythme de vie (lever/coucher) pour préserver les niveaux d’énergie de chacun. Nous avons aussi souvent privilégié les horaires de transport « faciles » pour éviter de les réveiller en plein milieu de la nuit, quitte à payer un peu plus cher.

Comment se passe l’organisation au quotidien quand on est 5 ?

La nature est leur espace de jeu. Nous n’avons pas emporté de jouets à part quelques jeux de société légers pour patienter dans les transports. Nous privilégions les logements avec un extérieur, et étions malheureux dans les villes. Les enfants se sont adaptés à tout, beaucoup mieux que nous.

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Et l’école dans tout ça ?

Il n’y a pas de vacances pour les petits coqs, ni de samedis ni de dimanches… Nous faisons environ une heure d’école par jour, principalement des maths et du français. Où nous pouvons, quand nous pouvons : dans les temps morts (transports ou quand nous sommes à l’arrêt comme aujourd’hui à Cuzco). Milo s’entraîne aux tables et aux calculs posés et Lola apprend les proportionnalités. Tous les deux écrivent et lisent pour perfectionner leur français. Nous téléchargeons les livres sur l’iPad ou la liseuse car ils seraient trop lourds à porter sur nos dos (tu connais « Le journal d’une grosse nouille »? Lola adore!). Anna quant à elle commence à lire des syllabes, à compter et reconnaître les nombres. Nous faisons le reste sur la route en fonction des rencontres (la géographie d’Amérique du Sud en survolant la cordillère des Andes, la théorie de l’évolution de Darwin et la biologie aux Galapagos, l’histoire des Incas au Machu Picchu, et les langues au quotidien.

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Ça a l’air chouette, mais c’est pas un peu compliqué ?

C’est moins compliqué que de jongler avec la déclaration d’impôts, les rendez-vous chez le dentiste, les galas de danse et les sorties d’école!

Le(s) mot(s) des enfants ?

Milo

« Le tour du monde m’a fait découvrir une passion pour la géographie. Je me suis rendu compte que le monde n’était pas si grand que ça. »

Lola

« Le tour du monde m’a appris beaucoup de choses, j’ai appris à parler espagnol et un peu d’anglais. Quelques mots d’indonésien et de thaï. J’ai aussi appris à aller vers les gens, ne plus avoir peur. A manger comme les habitants. A faire du snorkeling. A connaître et reconnaître les animaux. Voilà je pense avoir fait le tour ! Mais le fond n’a pas changé, vous me reconnaîtrez facilement ! »

Anna

Interviewé par sa soeur en Thailande, cette vidéo est une pépite ! ça vaut tous les écrits du monde.

Qu’est-ce que vous a apporté ce voyage ? (extraits choisis sur leur blog)

J’ai (un peu) moins peur pour l’avenir de mes enfants. Parce qu’une voyageuse clandestine s’est invitée dans notre périple. Elle n’était pas prévue au programme, mais elle a mûri dans le creuset de notre projet. Elle a permis à Milo de faire un one-man show sur une scène de cent personnes. Elle a aidé Lola à sauter d’un promontoire de six mètres. Elle a poussé Anna au sommet de l’île du soleil à 4000m d’altitude. Cette formule magique aujourd’hui me rassure, grâce à elle, les enfants bravent leurs appréhensions et embrassent l’inconnu pour satisfaire leur insatiable curiosité. Ce cadeau aussi fragile que précieux est aujourd’hui notre trésor : c’est la confiance.

Je reconnais l’altérité (à défaut de l’accepter). La tolérance ne fait pas partie de la liste de mes qualités. Mais la psychologie lao a mis mes certitudes en déroute, me forçant à accepter que – décidément – il y avait d’autres modes de pensée possibles, parfaitement honorables.

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J’ai réalisé que l’ennui valait de l’or. Le voyage libère d’un tas d’obligations : pas de courses à faire, pas de paperasse à remplir ou de coups de fil à passer et ainsi, une quantité énorme de temps s’en trouve libérée… Disparues les « corvées » qui, avouons-le servent aussi parfois de prétexte pour se retrouver seul avec soi-même (que celle qui n’a jamais filé suspendre une machine à la cave pour cesser d’entendre les disputes jette la première pierre). En exposition permanente, nous sommes ici sans échappatoire à une présence pleine et entière aux autres membres de la tribu. Aux temps dits « de qualité » qui alimentent l’album photo et le catalogue des souvenirs s’ajoutent des moments ingrats, parfois même ennuyeux. Ils constituent des « no man’s lands » temporels, a priori inutiles. Il n’en restera aucun souvenir mémorable. Jamais en se retournant sur l’Histoire, on n’entendra: « eh, tu te rappelles les trois heures de queue à l’embarquement du Kuala Lumpur – Vientiane comme c’était génial? ». Quelle injustice. Car ils auront, ces mal aimés, abrité nombre d’instants fondateurs. Dans le bus et en sueur, après la quatrième lecture consécutive de l’histoire de « Petite Pomme » (conte de noël du grand nord), regarder Anna lutter puis s’abandonner enfin au sommeil dans mes bras restera l’un de mes souvenirs les plus émouvants. Comme sentir autour de ma taille, sur le scooter, les bras de Lola se resserrer à chaque nid de poule. Ou encore regarder Milo organiser son hôtel et se préparer à l’arrivée de ses clients fictifs. Les moments perdus auront nourri les liens, peut-être d’avantage encore que les aventures extraordinaires que nous avons vécues. C’est eux qui seront le plus mis à mal par l’aspirateur qu’il faut absolument passer.

Et si vous aviez un mot à dire aux familles qui aimeraient prendre le large ?

Faites votre sac et partez. Le reste est facile!

Nos articles coups de coeur sur leur blog

Les phrases cultes des enfants
Le jeu des 7 différences
Les mésaventures de Manu le rebelle de Kuala Lumpur
Tous les dessins « coqs » de Manu, on adore !

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L’album solidaire des petits coqs enfin disponible !

La famille Haehnel a publié son super blog sous forme d’un album. L’itinéraire, le journal de bord, les coqs de Manu et les mots d’enfants y sont réunis. 65 pages tout en couleur qui retracent les neuf mois de voyage à travers trois continents. Maintenant disponible au prix de 17 euros. L’intégralité de la recette sera reversée à l’association DIDA (d’ici et d’ailleurs) de Guebwiller. Cette association a pour objectif toutes formes d’actions de solidarité en faveur des personnes de nationalité française ou étrangère en situation de précarité.

Vous pouvez passer commande par carte bancaire sur leur cagnotte leetchi ou en envoyant votre adresse postale ainsi que votre règlement espèces ou chèque à:

Petits Coqs Migrateurs (Caroline Haehnel)
38 rue Haute
F-68610 LAUTENBACH – FRANCE

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Petit bonus, le Coq se cuisine désormais à Toutes Saveurs.

Merci à Caro et à sa super famille d’avoir pris le temps de répondre à nos questions (et pour ce superbe dessin COQ*LMATS). Nous avions vraiment à coeur de vous les présenter. Prochain épisode avec la famille Legrain, nos copains d’Amérique du Sud, dans un article à paraître très bientôt !

7 réflexions sur “Rencontre de familles de baroudeurs #1 : Les petits coqs migrateurs

  1. Et hop ! dit :

    Moi je craque sur la petite puce qui a apprendu plein de choses et qui a bien aimé les raies manta et les nemo ! Bravo à la mini journaliste et au petit figurant… d’un naturel parfait !
    Nous aussi on peut aller vous visiter en Alsace si on est de passage ? (Bon on fait pas les gâteaux comme Mehdi mais notre mini chef Armand fait des tartes aux pommes comme personne !).
    Génial votre voyage ! Ça me donne envie de repartir 😉

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